Swipe to the left

Jeff Tatard - Courir : Religion ou philosophie ?

Jeff Tatard - Courir : Religion ou philosophie ?
Par Jeff Tatard 17 mars 2021 20265 Vues Aucun commentaires

APRÈS QUOI COURT-ON ?

Le sujet avait déjà été traité il y a quelque temps et la raison est peut-être qu’il y a parfois des choses sans pourquoi ou alors que si nous découvrions après quoi court-on, peut-être tout simplement : arrêterions-nous. Au sens le plus large, on court après… le plaisir, le pouvoir, l’argent, les honneurs, mais aussi : le bus, les devoirs des enfants, les résultats, et même après la montre et c’est vrai que la société se développe beaucoup autour de ces créneaux-là. Comme une espèce de pression sociale. La course folle est omniprésente à tous les niveaux de la société. Réponse à uneinsatisfaction ? Courions-nous parce qu’on ne se sent plus soi ? Ce que je pense c’est que dans la course - la vraie - la course à pied, c’est exactement l’inverse. À ce moment précis on ne court plus après quelque chose.

LA FIN DE LA FUITE ?

Quand on commence à courir, on ne court après rien d’autre que soi-même. Une forme d’introspection se développe. On ne court plus pour fuir. On court pour se retrouver ! Il est évident que pour le premier runner venu, il n’est pas aussi évident de le comprendre surtout s’il démarre dans ses premiers pas de coureur à pied. Mais cela s’apprend ! Cette recherche de dialogue intérieur prend un peu de temps car quand on commence à courir on est persuadé que le décor extérieur va nous aider à faire passer plus facilement la séance de footing. Pourtant, ce n’est pas le décor qui fait la course. Et il arrive un jour où c’est le coureur lui-même qui crée le décor !

LA LIBERTÉ PAR NOTRE PROPRE REGARD

Lorsque j’étais adolescent, comme beaucoup d’enfants de mon âge plein d’énergie et d’enthousiasme, il m’arrivait de me persuader que je pouvais changer le monde. Et lorsqu’inévitablement je me heurtais à la frustration de cette impossibilité, c’est mon grand-père qui s’appelait Ange, comme par hasard, qui le plus souvent me ramenait à la raison. Il m’a fallu des années pour comprendre sa phrase : « tu ne changeras jamais les choses et les gens. Par contre tu seras toujours libre de changer ta propre perception des choses et des gens ». Et je crois que c’est encore la course à pied qui me l’a le mieux appris. Où que je sois, et je me déplace beaucoup avec mon métier, je cours avec des sensations et des perceptions qui ne seraient pas possibles d’avoir autrement qu’en courant. Je vois des choses que je n’aurais jamais vues autrement qu’en courant.

courir : religion ou philosphie?

UNE LEÇON D’AUTHENTICITÉ

Lorsqu’on court, on s’expose à une vérité. L’impression de renouer avec son corps.    Lorsque nous courons, nous le faisons tous. Nous faisons une autocritique systématique.  Nous nous  interrogeons sur notre propre volonté ! Je n’ai pas peur de ce que vous pensez en me lisant. Mais oui, nous nous réincarnons ! Qu’est-ce que je peux faire avec mon corps là tout de suite et à cet endroit précis ?

RÉALISER & SE RÉALISER CHACUN À SA MANIÈRE

Ce que j’ai découvert de plus beau en courant, c’est le rythme ! C’est cette leçon que m’enseigne cette pratique qui me sert le mieux à me sentir heureux. On parle souvent de vitesse et de rapidité à exécuter la chose. D’ailleurs le monde de l’entreprise n’y échappe pas. Dans le monde de l’entreprise c’est souvent le temps le seul vrai ennemi. Prenez un commercial, ce n’est pas l’objectif son problème, le problème c’est le temps qui lui faut pour atteindre son objectif. C’est la même chose dans l’apprentissage scolaire. L’idée ici est de trouver son propre rythme ! Trouver son rythme, son propre rythme pour se sentir bien.

LA LEÇON DE SAGESSE

Mais alors pourquoi aucun philosophe ne s’est encore jamais penché sur la pratique de la course à pied ? Aristote si tu nous écoutes : as-tu une réponse à nous offrir ? Je l’entends il me parle. Et savez-vous ce qu’il me dit ? « Jeff, t’as oublié quelque chose. T’as oublié que pour philosopher il fallait être posé. Ce n’est donc pas possible, car quand tu cours : tu te déplaces ». Mais Aristote ne courait pas. Il lui aurait fallu des Vaporfly ou désormais des Alphafly pour qu’il comprenne (Rire...). J’ai envie de répondre à Aristote que lorsqu’on court, nous ne sommes pas dans n’importe quel mouvement. Lorsque nous courons, nous sommes dans un mouvement dans lequel nous nous sentons bien. Dans une leçon de sagesse : Lorsque vous courez vous jouissez de vous-même sans nuire à personne et en bientôt 40ans de vie, c’est personnellement l’endroit le plus propice à l’introspection que j’ai trouvé sur terre.

courir : religion ou philosophie?

POUR CONCLURE

À cette dimension religieuse et spirituelle à laquelle je faisais allusion en introduction, je privilégierai l’aspect philosophique. Pour moi la course à pied est l’endroit où je mûris le plus de réflexion existentielle. Toutes mes idées et tous mes articles pour RUNNING CONSEIL prennent naissance en courant et mon bureau de travail c’est la course à pied.